jeudi 30 avril 2009

Pluie de Grenelle

Le Grenelle de... Vous avez remarqué? De l’environnement, de l’énergie, des Dom-Tom, des ondes, de la chanson, des arts, des Grenelle de tout et n’importe quoi. Le vieux croûton que je suis se souvient de l’origine de ces mots: les accords de Grenelle. C’était les 25, 26 et 27 mai 1968, en plein milieu des événements, trois jours de négociations entre gouvernement, syndicats et patronats, au ministère du travail, rue de Grenelle, à Paris, qui devaient aboutir à tous les avantages sociaux acquis par les “travailleurs” en 1968. Un hasard? Ce serait mal connaître notre cher président. Ce monsieur est revanchard, rancunier et belliqueux. Parmi les choses restées en travers de sa gorge, 1968. Par un tour de passe-passe relevant de la communication et de la manipulation, il a décidé de modifier jusqu’au sens des mots de cette époque par lui abhorrée. Ce n’est donc pas une coïncidence si le mot “Grenelle” est employé à tous vents. C’est pour lui ôter sa valeur symbolique pour le peuple de gauche. Un peu comme ce que firent les auteurs de la bible, qui calèrent les fêtes chrétiennes sur des dates plus anciennes et païennes.

Une preuve de mon opinion? La Lanterne. Ah ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à La Lanterne, vous savez.... Quelle résidence a choisi notre nabot-léon pour ses fins de semaine? Un hasard, encore? Non. Une autre chose qu’il a en travers: la Révolution Française. Il est aristocrate, il a le pouvoir, et, rien que pour nous emmerder, par esprit de revanche, par provocation, il a choisi La Lanterne.

mercredi 29 avril 2009

Vu... Pris

La main dans le pot de confiture, la bouche bariolée d’un ravissant rouge grenat, un enfant vous dira toujours que non, non, il n’a pas fait ça. Que jamais il n’a pioché dans le pot. C’est une défense infantile compréhensible. L’enfant sait très bien que ce qu’il a fait est répréhensible, hors la loi, passible d’une sévère réprimande et il n’a pas d’autre moyen de défense contre votre légitime colère, mais surtout sa propre culpabilité, que celui de nier en bloc. Souvent jusqu’à l’obstination. Ce n’est que plus tard, lorsqu’on a compris de soi-même que la perfection n’est exigeable de personne, qu’on s’est pardonné ses faiblesses, que l’on accepte de reconnaître ses erreurs. On appelle ça la maturité.

Notre cher nabot-léon a été trahi. Ses propos sur un dirigeant européen ont fuité. Crac. La Ségolène l’a chopé la main dans le sac et a fait un pataquès autour de vagues excuses au nom de nous autres, ce qui est assez gonflé. C’est d’ailleurs elle qu’on traite de folle. Vous ne trouvez pas que, finalement, le côté un peu Machiavel des dites excuses est plutôt le bienvenu? Notre cher prez se réfugie dans la négation farouche, démontrant, si besoin est, son extrême immaturité. La dame du Poitou marque un point, non?

Il faut bien le constater, si l’affirmation de son épouse selon laquelle notre mini-prince disposerait de cinq ou six cerveaux est vraie, aucun n’a un âge supérieur à douze ans.

mardi 28 avril 2009

Mouche ton nez

La politesse, le calme, la retenue, la courtoisie, la civilité, la bienséance, les bonne manières, tous ces mots figurent dans la liste des synonymes de servilité. Mais ce n’est pas la seule particularité qui m’intéresse en eux. Ils sont aussi la base des rapport sociaux apaisés. Plus exactement, ce que ceux qui vous enc... à longueur de temps exigent de vous lorsque vous avez une remarque à faire, une demande, une récrimination. Leur vulgarité, celle qui est inhérente à leur position de dominants bourrés de fric et souvent peu cultivés, peu polis, peu méritants, peu concernés par le sort des autres, possédant assez peu de qualités humaines, ce qui ne les empêche nullement de les exiger des autres, cette violence-là, vous êtes priés de ne pas y répondre. On comprend bien que si vous commencez des négociations par “ va te faire enc..”, vous pouvez remballer. Un peu de tenue, que diable. D’où cette idée que ces mots cachent en fait une arme de gouvernance. Ce que Nietzsche appelle la victoire des faibles sur les forts. Le philosophe moustachu n’est pas optimiste. Il pense qu’il faut voir ici la raison de la “décadence” humaine. Ceux qui sont aux commandes, toujours les mêmes, vous raconteront que cette notion est à manier avec beaucoup de précautions, que c’est elle qui aurait ouvert la voie aux chambres à gaz. N’en croyez rien. C’est tout le contraire. Cette confusion volontaire fait partie de l’arsenal de la domination par les faibles.

Pub (2 pour le prix d'un aujourd'hui)

Je hais la pub. Je hais beaucoup de choses mais la pub, vraiment, je ne la supporte pas. J'ai des raisons. Je pense sincèrement qu'elle est pour beaucoup dans le bazar que connaît aujourd'hui notre planète. Et puis elle est médiocre et indigente. Une pub internet vient de m'interpeller à l'improviste. C'est une pub pour une boîte de location de véhicules du nom de Sixt Location. On y voit une voiture accidentée. La pub c'est: oui, nous louons aussi aux femmes.

Je vous avoue, j'en suis resté bouche bée. Avant que la colère ne me serre les tripes. Vous avez bien lu. Il y a des gens, dans la pub, qui pensent encore que les femmes conduisent comme des manches.

A nos armes, mes soeurs!... Qui a dit que la condition des femmes ne mérite plus de combats, combats qui seraient dépassés, d'arrière garde, obsolètes? Ne pas respecter les femmes, en 2009, c'est un archaïsme. Comme la réclame. Foutez moi ça dehors.....

lundi 27 avril 2009

Lent

Je suis assez en phase avec les élogieux de la lenteur. Si la vivacité est maligne, la lenteur me semble intelligente... Je vous laisse trois minutes, d’accord!.... Vous êtes là?.. Bien! J’ai toujours pensé que les gens qui répondent du tac au tac ne peuvent le faire que parce que, en fait, ils n’ont pas entendu la question. Une partie de la question, ils ont capté. Ils répondent à l’emporte pièce, hop, histoire de vous coller au mur, mais leur réponse n’a souvent rien de pertinent. Simplement, elle est immédiate. Stupide, souvent, mais... Hop! Trop tard, votre temps d’antenne est passé, vous avez tort. L’esprit d’escalier, ça génère. Merde, c’est ça que je devais lui répondre!.. Hé, hé, trop tard!... Dans le cul!... De fait, le monde devient de plus en plus rapide mais, surtout, de plus en plus con. Je suggère qu’on passe en phase II: on pose la question, on passe à une autre question à un autre interlocuteur, un autre encore, une dizaine, et puis on revient au premier. Il a eu le temps de digérer la question, il a pris l’escalier, ça y est, il va être intelligent. Boum!.. En général, les réponses intelligentes, ça fait son petit effet. Essayez... Mais je sais. Si je vous raconte ça, c’est que je suis lent. Je rêve d’être vif mais mes gènes s’y opposent. Pas ma faute. Pauv’ doudou. Il a encore perdu.

dimanche 26 avril 2009

Maman

Faites un film sur la mort de votre maman, deux, trois, si vous êtes inconsolable, comme Almodovar, et je vous fous mon billet que tous les commentateurs parleront du caractère universel de votre oeuvre, à cause du fait que la perte de sa maman concerne chacun d’entre nous. C’est vrai, on n’imagine pas quelqu’un qui se réjouisse de la mort de sa mère. Si? Ah! Vous croyez? Si elle vous a tyrannisé toute sa vie, vous croyez? Si c’est une grosse truie stupide, inculte, d’extrême droite, qui a toujours voulu que vous lui disiez que vous l’aimez, vous croyez? Si elle meurt en faisant l’amour avec un autre homme que votre père? C’est vrai que ça peut faire sourire.

Nous avons une notion absolument pervertie de l’universel. Ce qui est universel, c’est que chaque enfant entretient avec sa mère des rapports extrêmement complexes, souvent dans l’excès, d’amour ou de haine. Et que ça n’est pas bien plus malin de s’effondrer de chagrin à cinquante ans parce qu’on a perdu «maman» qu’il ne l’est de crier victoire quand la terre se referme sur elle. Non, je suis désolé, le chagrin ressenti par un fils quand il perd sa maman au delà de trente ans est un enfantillage, une clownerie, c’est presque risible. Et ça n’a rien d’universel.

samedi 25 avril 2009

Iceberg

Je ne sais pas si vous aimez le film Titanic. Moi, il me laisse pantois. Mon côté midinette? Je crains que non. L’histoire d’amour entre elle et lui me laisse froid. Sa mort tout autant. Ce qui souffle dans ce film, que l’histoire d’amour nous empêche presque de voir réellement, dont elle nous distrait, c’est autre chose. L’histoire d’un monstre technologique, d’un sommet de la réalisation humaine, d’un exceptionnel outil qui, inéluctablement, va passer par le fond, à cause d’une erreur humaine, d’un soi-disant imprévu, d’une chose qui, compte tenu du contexte était, finalement, inexorable. J’y vois, et je ne suis pas le seul à l’avoir vu, dans le fait divers, dès 1912, une allégorie de notre monde. Ce qui passe en dessous de ce film, qui me laisse immanquablement sans voix, chaque fois que je le regarde, c’est notre futilité, symbolisée par l’historie d’amour aveuglante, malgré le fait que notre monde court à sa perte aussi sûrement que ce bateau va vers son naufrage. Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas voir ni entendre que nous y allons tout droit.

vendredi 24 avril 2009

Snobs

Je ne sais trop ce qui peut justifier le déferlement de dénigrement à propos de ces chaussures nommées “crocs” et de mépris pour ceux qui les portent. Ou, plutôt, je le comprends trop bien. Ces choses sont bien trop bon marché. Si vous en avez porté, peut-être avez-vous, comme moi, constaté que ce sont des chaussures passe-partout très confortables, très pratiques, tout terrain. Pour les enfants, elles sont absolument idéales, particulièrement pendant les vacances. Mais, évidemment, elles sont bien trop “peuple” pour avoir les faveurs de ces messieurs de la haute. Il est impératif pour le système que ce qui est “beau” soit cher, estampillé, hors de portée du commun. Les grosses montres, les quatre quatre monstrueux, les limousines inutilement suréquipées, les foulards machin, les chaussures truc. En plus, vous aurez remarqué, les crocs ne portent pas de marque. Ne manquerait plus que nous puissions tous nous offrir des accessoires bon marché qui n’auraient aucun défaut, qui seraient idéaux. Où irions-nous? Alors, une fois encore, on nous manipule. Vous n’allez tout de même pas porter ces “trucs”? C’est d’un vulgaire!.... De là à penser que ce genre de campagne est orchestrée.... Et nous, comme de stupides animaux que nous sommes, et bien nous n’en achetons pas. Je ne vais pas me montrer avec ça!.. Comme les tongs. Si vous ne les achetez pas chez un chausseur, deux cents euros, les tongs, c’est d’un vulgaire!.. Ils nous font le coup avec tout. Le camping, par exemple... On est si bien sous la tente... Mais non, voyons, c’est d’un trivial!.. Quelle horreur!...

Le problème, c’est que ça marche. Tous, on court comme des moutons après ce qu’il y a de plus “classe” et on en oublie que s’habiller c’est d’abord se couvrir, se chausser c’est d’abord protéger ses plantes de pied, boire c’est se désaltérer, que l’auto c’est fait pour se déplacer, une montre pour donner l’heure. On peut dire qu’on est libre......

jeudi 23 avril 2009

Jamais content

Le supermarché local vient d’installer des caisses automatiques. C’est vous qui bossez pour payer. Contrepartie, vous attendez beaucoup moins. Et puis c’est amusant, au début. Les syndicats sont totalement opposés à ce genre de “progrès”. Ça supprime des «empwa». Je me bidonne. Je sais, si j’avais besoin de cet emploi, je ferais moins le mariolle. N’empêche, le progrès, les machines, c’est bien fait, au départ, pour soulager les être humains. En théorie, chaque fois qu’on installe un robot, une machine, les Hommes devraient être contents. C’est toujours ça de moins à faire. Et puis les machines travaillant avec plus de rentabilité, une fois payé le crédit qui a été souscrit pour les acquérir, normalement, il devrait rester assez de pognon pour payer quand même les employés pour des horaires de travail d’autant allégés. Je t’en fous! Le pognon passe ailleurs. Si on était un brin logiques, on exigerait d’être payé à rien foutre chaque fois qu’une tâche est automatisée. Ben non, on accepte de se retrouver sans rien. La machine, faite pour soulager, devient un problème. Au commencement de la machine, ça a débuté. Les Canuts lyonnais avaient en leur temps détruit les machines à tisser. Z’auraient mieux fait d’exiger d’être payés à rien faire, à faire moins. C’était mal barré dès le début.

Et puis, pour défendre un emploi de caissière, faut vraiment ne jamais l’avoir fait ou ne pas voir à quel point ce boulot est pénible. Payé une misère. Un vrai boulot de merde. On devrait se réjouir que ça disparaisse.

mercredi 22 avril 2009

Rentable

Pour comprendre ce qui suit, vous devez savoir que mon cerveau ne fonctionne manifestement pas du tout comme le vôtre. Par un hasard de la génétique, l’absence d’une hormone, d’un neuromédiateur, une anomalie, en fait, celui-ci fonctionne comme une espèce de machine à enregistrer, vingt quatre heures sur vingt quatre, trois cent soixante cinq jours par an. De seconde en seconde, il capte absolument tout de mon environnement, sons, images, odeurs, goût, sensations tactiles, tout. Et, manifestement, se débrouille pour ranger tout ça dans un énorme mur de cases étiquetées soigneusement. Son fonctionnement semble m’imposer d’ouvrir, chaque instant, tous ces casiers, et d’en vérifier le contenu. Une sorte d’hypermnésie. Le fait, c’est que chacun de ces souvenirs est indiscutablement rangé séparément.

C’est ce fonctionnement qui fait que, lorsque j’écoute une chanson à la radio, par exemple, je n’y rattache aucun autre souvenir. Et cette particularité me permet de comprendre comment l’industrie du disque réussit à vous vendre tant de musique. Parce que vous semblez, quant à vous, rattacher à chaque souvenir auditif toutes les sensations qui vous ont touchés dans le même temps que vous entendiez cet air. Le réécouter, pour vous, c’est revivre un peu de l’instant de bonheur, de douleur, de joie, que vous aviez ressentis à la première écoute. Ainsi donc, ainsi donc, si elle n’a pas que des avantages, mon anomalie se révèle, dans ce cas, au moins, tout à fait réjouissante. Elle me permet un degré de liberté à quoi vous n’avez manifestement pas tous accès. Elle me permet de comprendre à quel point il est facile de manipuler mes contemporains pour faire de l'argent.

mardi 21 avril 2009

No sport

Bulletin d’information de France Inter, le 20 avril à 7 heures: huit minutes, quatre pour la politique générale, dont une pour Ségolène et les réactions qu’elle provoque, l’international, les divers, quatre pour le sport, surtout le foot, et, au milieu de tout ça, sept secondes pour annoncer la mort de J.G. Ballard, annonce que vous n’avez aucune chance d’avoir saisie si vous ne connaissez pas ce nom. Mr Ballard était un écrivain britannique décédé dimanche d’un cancer. Vous trouverez tous les renseignements utiles sur l’importance de son oeuvre en quelques clics. Je trouve scandaleuse cette hiérarchie de l’information. Vous me direz, normal, un écrivain, ça me cause. C’est un truc très égocentré. Si ça m’intéresse moi, c’est pour des raisons personnelles, évidemment. Un écrivain!... Je proteste avec la plus haute énergie contre cette remarque idiote. Assez solitairement (je ne connais pas d’autre cas... Le moment de vous manifester..) je ne me contente pas d’être indifférent au “sport”, du moins à sa traduction dans les médias. Je suis contre!.... je le hais, Je le considère comme un opium du peuple, un instrument politique d’abrutissement, une aliénation, une ineptie, une crétinerie, pratiquement ce que nous pouvons faire de pire. Tout y est: le beaufisme, l’alcool, les mouvements de foule, le racisme, la joie des imbéciles heureux qui sont nés quelque part, l’appât du gain, la futilité, la scatologie, l’instinct brutal des animaux, l’envie de meurtre. Le sport réunit tous les côtés les plus noirs de l’esprit humain. Et aucun des bons, malgré ce qu’essayent de nous en faire croire les moyens d’information, les journalistes et les intellectuels vendus. Quelqu’un qui déteste le sport ne peut pas être tout à fait mauvais. Le seul sport que je supporte, sans jamais le pratiquer, c’est celui qu’on fait le dimanche, pour soi-même, pour son plaisir, et loin des caméras.

La vengeance de l’écrivain, c’est que, malgré l’indigence des hommages qui lui sont rendus, son oeuvre restera parmi nous pour nous parler de lui jusqu’à la fin des temps. Jusqu’à la fin de ce monde futile et médiocre, nous pourrons relire ses pensées, ses rêves, ses condamnations de notre médiocrité, ses espoirs, s’il en a. Et que restera-t-il des sportifs?

lundi 20 avril 2009

Blessures

Freud se vanta, un jour de pleine forme, d’être la troisième blessure narcissique infligée à l’Homme. La première est due à Copernic, qui nous ôte l’illusion d’être le centre du monde, la seconde à Darwin, qui nous enseigne que nous ne sommes pas la créature spécifique que nous croyons mais que nous descendons des primates, la troisième, donc, de Freud, qui nous informe de la présence du subconscient et, par là, du fait que nous ne sommes jamais maîtres de nous-mêmes. J’en ajouterais bien une quatrième, que j’attribuerais à Nietzsche: dieu est mort dans l’esprit des Hommes et n’a jamais existé. Narcissique? Dieu? Oui!... Car qui croit se croit assez important dans l’univers pour qu’une puissance supérieure ait présidé à sa création et continue de l’avoir à l’oeil, lui-même, avec les autres, certainement, mais pour son profit exclusif, parce qu’il est le centre de quelque chose. Narcissique. Parce qu’il s’imagine être une exception et se voit, si dieu n’a jamais été, ravalé au rang de tas d’atomes par un hasard agglomérés. Parce qu’il n’a plus de père au creux des cieux, plus d’oeil bienveillant braqué sur lui à tout instant, qu’il est seul, abandonné, livré à lui-même, rien!....

dimanche 19 avril 2009

Ronron

Chat, matou, mistigri, raminagrobis. Poil aux pattes, aux oreilles, au nez, partout, sauf aux yeux, qui ne riment à rien. Mythologiques chats de l’écrivain. Léautaud, Céline, couverts de greffiers. Le mien, rond à souhait, collant comme tout, me fout une paix royale quand j’écris. On raconte qu’il ne devrait pas me laisser aligner deux mots, se coller toujours entre me yeux et les lignes. Je t’en fous. Calé dans son canapé, grippeminaud. Pas même foutu d’attraper une souris. C’est pourtant pas ce qui manque alentour. Je ne sais pas vous, les quelques ceux qui ont décidé de gâcher leur vie en grattant du papier, si votre chat est conforme? Peut-être à cause de l’ordinateur. Les clics clacs du clavier, ça n’a pas le charme des scritch, scritch du stylo. A moderne rat de bibliothèque, moderne chat affalé. Ou bien alors, mon chat a compris que je ne suis pas véritablement écrivain, un médiocre, un qui ne vaut pas le déplacement.

samedi 18 avril 2009

Liberté

La liberté, pour beaucoup, ce serait l’absence de loi. Mais quel sens a le mot liberté s’il n’existe pas de limites? Là, vous vous dites que je suis mal barré. Je ne vais pas pouvoir faire court sur un sujet pareil. Il va falloir réveiller les morts, les grands morts, et reparler de l’opinion de celui-là, du jugement de celui-ci. On va laisser dormir les morts dans le grand cimetière qu’est ma bibliothèque. Juste donner l’envie de les relire, d’y retourner méditer. Juste effleurer les choses, avec deux ou trois questions, comme ça. Par exemple, la loi ne serait-elle pas la marque de la liberté des autres? Et penser que la liberté est l’absence de loi, n’est-ce pas tout simplement nier autrui? Ou bien comme: suis-je libre de respecter ou non la loi? Vous allez répondre non, à cause des sanctions, je vous rétorquerai oui, à cause du principe de responsabilité. Ou bien encore: est-on libre si l’on choisit de s’imposer librement à soi-même une loi qui nous est propre? La loi et la liberté sont deux notions intimement reliées et assez peu envisageables l’une sans l’autre. En tous cas, les opposer, c’est forcément simplifier à l’extrême le débat. Probablement à son profit exclusif.

vendredi 17 avril 2009

Jupe

Une jupe, ça peut être court, très court. Encore plus court que ça. Moi, j’ai de la chance, j’ai connu le temps où les femmes ne portaient rien en dessous. Mais, non, je parle pas de dentelles. De collants épais, de caleçons, je cause. Les filles, aujourd’hui, elles sont plus cul serré qu’avant. Elles n’osent pas. Pas que les filles, vous dites? La société? Possible. On en voit beaucoup plus par en haut et beaucoup moins d’en bas. Ce que ça pourrait signifier? Un retour aux vraies valeurs, la maternité, tout ça, la pudeur, le sale et le pas sale, le démon. Il paraît que vous croyez de plus en plus. On dit ça. Ça pourrait signifier tant de choses.

Évidemment, lorsque je vous vis, beauté sculpturale, l’autre jour, votre jupe microscopique, vos jambes rallongées par des talons époustouflants, sans l’ombre d’un brin de vulgarité, je dois l’avouer, je vous ai admirée. Je n’étais pas le seul. Je crois néanmoins ne pas avoir eu sur vous ce regard salace dont beaucoup d’autres vous gratifiaient. J’ai admiré. Je suis un contemplatif. J’étais heureux de revoir ce spectacle de la beauté totalement érotisée. Vous connaissez des moments d’érotisme banal, comme celui-là? Ça se fait rare, non? Il y aurait vraiment beaucoup à dire sur notre quotidien aseptisé.

jeudi 16 avril 2009

Les autres

Si je le fais pas, de toute façon, un autre le fera. Combien de fois avez-vous entendu cette phrase? Je la trouve totalement affligeante. Vous savez, le genre de truc qui vous laisse absolument sans réaction. Pas qu’elle ne me révolte pas. Mais, justement, qu’elle me scandalise à un point tel que j’en suis sidéré. Je crois ne rien pouvoir entendre de pire, moralement s’entend. Se rend-on compte à quel point cette phrase est un barrage qui se rompt, l’ouverture au déferlement du pire, du plus odieux, du plus intolérable? Quelle est la limite de cette affirmation? Aucune. Car, nous le savons bien, l’être humain est capable de rivaliser dans le plus abjecte bien plus sûrement qu’il n’est susceptible de le faire dans le meilleur, la responsabilité, l’élégance, l’incorruptibilité. Cette phrase, Nietzsche a dû l’entendre avant de nous livrer son humain trop humain. Lorsque je la reçois, je perçois immédiatement l’immensité de mon impuissance. Combien de temps devrait durer la discussion qui aboutirait à faire entrevoir à son auteur l’énormité du gouffre qu’elle ouvre? Une vie n’y suffirait pas. D’ailleurs, elle est souvent prononcée par des gens à qui une vie ne suffira pas pour devenir des êtres humains.

mercredi 15 avril 2009

Glou

La vieillesse est un naufrage, on dit. Sûrement pour ça que certains vieux picolent tant. Quitte à se noyer, autant que ce soit dans du spiritueux. Je trouve personnellement que c’est mieux que dans du spirituel. D’ailleurs, les vieux qui grenouillent à l’église, oui not’ bon maître, eux, ils boivent pas. Péché mortel. Bon pour les gueux. Du coup, il leur faut le soutien du corbeau. Qu’il leur tienne la main en leur jurant qu’on se reverra, un de ces quatre, dans l’éther. Vaudrait mieux lever le coude. Et puis, au cours du lent naufrage que serait la vieillesse, dont le son pourrait être glou, glou, comme quand on s’ivrogne, ferais remarquer, vers la fin, dehors, hors de la fange, du néant, je veux dire, il reste quoi? La tête, les bras. Juste ce qu’il faut pour s’en jeter un petit en attendant la fin. Peut-être pas un hasard. En plus, ça rend serein. A la vôtre!!!....

mardi 14 avril 2009

Blanc

Convoler en justes noces. Le jour où les cons voleront, tu seras chef d’escadrille... (air joyeux!...). Dans la cérémonie, le chef d’escadrille, les chefs d’escadrille, ce sont les mariés. Lui, en général, propre sur lui, comme un sou neuf, sans couleur ni style imposés, mais, elle, en blanc. Pourquoi le blanc? Ben à cause de la pureté. Elle est censée arriver là vierge et pure. Quelle connerie. Qui peut encore croire qu’une jeune femme arrive de nos jours au mariage vierge et pure comme de l’huile d’olive bio? Mais rien à faire, la tradition, vous comprenez. Toutes les mariées du monde débarquent, le grand jour, en blanc, ou bien, suivant la civilisation, dans la couleur de la pureté. Chez nous, c’est blanc. D’accord, certaines en blanc cassé. A moitié pures. Une petite tache à la virginité immaculée. En fait, ce cérémonial, ça me fait penser à un sacrifice, avec l’autel, la montée des marches du temple, comme si elle allait vers son martyre, poussée par tout le monde, trop heureux d’en tenir une. Un carnage. Vous savez, vous, pourquoi ça continue, les conneries comme celle-là? Se marier en blanc, quelles foutaises.
Et puis, d’ailleurs, la vraie question, c’est pourquoi se marier? C’est fou ce qu’on progresse, non?

lundi 13 avril 2009

Le symbole et la lettre

Si vous aviez, comme moi, l’opportunité de voir des champs, vous constateriez, comme moi, que lesdits champs sont en ce moment pleins de jeunes agneaux, de jeunes veaux, à peine capable de se tenir debout. Spectacle touchant. Renouveau de la nature. La nouvelle génération s’en vient. La vie entame un nouveau cycle.

Les cathos du monde entier sont à genoux. Ils célèbrent la résurrection de leur idole, un certain Jésus de Nazareth. Ils croient qu’il est fils de dieu. Pas d’un dieu, non. DE dieu. Attention. Le bon, celui-là, le seul, le vrai. Toute l’histoire est racontée dans un bouquin assez célèbre. Un truc en Grec qui date du troisième siècle après l’autre, justement, parce que l’histoire a connu un certain succès, au point qu’on a réglé toutes les pendules sur sa date de naissance. Une star. Les gens qui ont écrit ce bouquin qui, pour certains, dont je suis, n’est qu’un livre mais, pour d’autres, extrêmement nombreux, est plus qu’un livre, LE livre, on dit, celui qui dit la vérité, ses auteurs, donc, ont monté une belle histoire qui tient la route. Bien entendu, pour y croire, il faut croire, justement, qu’il y a un dieu, condition sine qua non de la vraisemblance de l’histoire. Malins comme des singes, ils ont tout pensé pour que la promo du livre soit au top. Ils ont fait naître le petit Jésus sur une fête païenne antédiluvienne (ce mot n’existait pas avant le livre, par exemple), et tous les événements de sa vie de même. Ils proposaient , en gros, de reprendre tout le bazar des fêtes païennes et d’en faire des événements à eux. Et, comme par hasard, leur idole, le petit Jesus, ils le font renaître au moment où la nature, elle, renaît. Ben oui, dans l'histoire, il renaît. Fastoche quand on est le rejeton du grand ordinateur.

Avec rien qu’un peu de jugeote, il me semble que le stratagème se voit comme le nez au milieu de la figure et que tout ça est exclusivement symbolique. Une preuve que dieu n’existe pas. Pourquoi aurait-il choisi ces dates-là, justement, s'il décide de tout?

dimanche 12 avril 2009

Secousses

Les ritals sont des gens formidables. Ils se font secouer par la Terre, ils prennent leur maison sur le coin du nez et leur président ne trouve rien de mieux que de leur assener une bonne blague, qu’ils pourraient le prendre avec le sourire, que c’est comme si ils avaient pris quelques jours de vacances sous la toile. Et bien eux, les Ritals, ça les fait sourire. Peut-être pas tous, mais certains. Ils sont capables de revoter pour lui.

Pareil avec le ciel. Ces gens-là, ils sont tombés dedans petits. Faut dire que le grand chef du ciel loge chez eux. Y’a pas plus cul-béni qu’eux. Tous, ils croient, même les cocos. Dans leurs repères à eux, c’est le grand dabe, tout là-haut, qui décide de tout ce qui se passe ici-bas. Et ben, il les secoue comme un prunier, ils leur fout leurs maisons sur le râble, il en tue trois cents, même les églises, il rase. Je serais eux, je me dirais que j’ai dû lui déplaire, qu’il a sale caractère, ou bien que le vieux a pété un plomb. Je lui ferais un peu la gueule, même juste histoire de marquer le coup. Ben eux, non. A peine ça a fini de trembler que les voilà qui se ruent sur les évêques, les cardinaux, dans les églises.

On peut dire qu’ils ne sont pas rancuniers. Des gens formidables.

samedi 11 avril 2009

tic tac ... boum!...

J’ai bien plus de cinquante ans et toujours pas de montre chère au bras. Je suis un trou du cul. Ce qu’ils ne savent pas, ce qu’ils ne peuvent même pas imaginer, c’est qu’on n’en veuille pas, de leurs breloques. Surtout celle dont il est question. J’ai toujours trouvé que ça ressemble à un réveil des années cinquante. Absolument sans classe. Aucune. Une montre de bijoutier, en or, plaqué, même, couleur or, à la limite, ultra plate, ça, ça a de la gueule. C’est discret, fin, distingué, délicat, élégant, raffiné, chic. Tout le contraire de ces B.O.F.*, ces endimanchés, ces mal dégrossis, ces nouveaux riches. Qu’ils les gardent, leurs colifichets. Qu’ils les portent. Comme ça, on repérera de loin les gens de mauvais goût.

* B.O.F. : Beurre, Œufs, Fromage: c’est ainsi qu’on nommait, au sortir de la guerre, les gens qui s’étaient enrichis pendant l’occupation en trafiquant au marché noir.

vendredi 10 avril 2009

L'estomac noué

L'expert: Cet homme-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands experts. De quoi dit-il que vous êtes malade?
L'ouvrier: Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que c'est de la rate, d’autres que je suis en colère ou de l’ultra gauche.
L'expert: Ce sont tous des ignorants: c'est d’inquiétude que vous êtes malade.
L'ouvrier: D’inquiétude?
L'expert: Oui. Que sentez-vous?
L'ouvrier: Je sens de temps en temps des douleurs de tête.
L'expert: Justement, l’inquiétude.
L'ouvrier: Il me semble parfois que j'ai un voile devant les yeux.
L'expert: L’inquiétude.
L'ouvrier: J'ai quelquefois des maux de cœur.
L'expert: L’inquiétude.
L'ouvrier: Je sens parfois des lassitudes par tous les membres.
L'expert: L’inquiétude.
L'ouvrier: Et quelquefois il me prend des douleurs dans le ventre, comme si c'était des coliques.
L'expert: L’inquiétude. Vous avez appétit à ce que vous mangez?
L'ouvrier: Oui, Monsieur.
L'expert: L’inquiétude. Vous aimez à boire un peu de vin?
L'ouvrier: Oui, Monsieur.
L'expert: L’inquiétude. Il vous prend un petit sommeil après le repas, et vous êtes bien aise de dormir?
L'ouvrier: Oui, Monsieur.
L'expert: L’inquiétude, l’inquiétude, vous dis-je.

Vous avez remarqué? Nous sommes inquiets. Tous nos experts, d’un bout à l’autre de l’échiquier, sont unanimes: le peuple français est inquiet. Pas en colère, pas révolté, pas indigné, outré, choqué, pas scandalisé, encore moins en lutte: nous sommes inquiets.

Moi, une seule chose m’inquiète: c’est de savoir combien de temps encore nous serons gouvernés par ces pitres porcins et obscènes. Et, plus encore, de savoir jusqu’où il va falloir qu’ils aillent avant qu’on se décide enfin à leur botter le train.

N.B. : la première partie de ce texte a été rédigée avec l’aide d’un certain J.B. Poquelin. Je l’en remercie.

jeudi 9 avril 2009

Nuées

Dans les nuages qui défilent aujourd’hui sur un fond de ciel bleu, en dégradés de gris, je vois des visages, je vois des chevaux, je vois des dragons, des chiens, des maisons, des charrues, des chevelures, des yeux, changeants, fugaces, déjà disparus. Dans les nuages, il y a aussi tout ce que je ne vois pas. Des choses qui n’existent plus, d’autres qui n’existent pas encore, que mes yeux ne peuvent nommer. Dans les nuages, c’est comme si tout était esquissé, le présent, le passé, le devenir.

Le premier type qui a dit que tout est écrit, en parlant de ciel et de firmament, devait passer sa vie à contempler le spectacle onirique de la métamorphose des nuages.

mercredi 8 avril 2009

L'respect s'perd

Il semblerait que Mr Sarkozy se plaigne assez régulièrement du manque de respect qu’affichent certains humoristes et certains politiques envers la fonction de président de la république dont il est dépositaire. «Que messieurs les assassins commencent» disait Karr. Et si vous songiez, Monsieur le président, à la respecter un peu vous-même, cette fonction, pour commencer? A châtier votre langage, à soigner votre apparence, à inclure un peu de dignité dans vos apparitions médiatiques ou publiques, dans votre rapport à l’argent? Peut-être qu’alors, vous voyant enfin digne de respect, songerions-nous à vous le reconnaître et à vous en manifester. Vous avez encore du travail. Le respect ne se décrète pas, il s’impose.

mardi 7 avril 2009

Cadeau empoisonné

La vie est un cadeau. Facile à dire, quand on l’a. Facile à oublier, également. Les occasions ne manquent pas, dans les sociétés occidentales notamment, de perdre de vue le fait que la vie est le seul bien de beaucoup d’humains. En particulier ceux, affreusement nombreux, pour qui elle est en danger au quotidien.

Mais, je l’avoue, il m’arrive à moi aussi de m’égarer. Spécialement lors de ses manifestations ordinaires. Les ongles qui poussent, qu’il faut limer, les cheveux, la barbe, qu’il faut sans arrêt tailler. Mon seul bien, mon seul bien, d’accord, mais qu’on m’explique pourquoi je dois sans relâche en traiter les symptômes intempestifs. Je hais.

lundi 6 avril 2009

Question

Allez, je vais me faire des amies. Une chose me turlupine, me laisse perplexe, interrogatif, sans voix, dubitatif, et cette chose est que, de manière incontestable et universelle, tout homme sort du ventre d’une femme qui, dans l’écrasante majorité des cas, sera sa mère. Les garçons comme les filles. De sorte qu’on peut affirmer, avec assez peu d’incertitude, que tout homme a une mère. Homme, au sens d’être humain de sexe masculin. Vous aurez remarqué que beaucoup parmi eux, une majorité, n’ont aucun respect pour les femmes. Et que, parmi cette majorité, un certain nombre sont des monstres. Avez-vous remarqué que les monstres dont l’histoire nous a laissé les portraits sont toujours peu respectueux des femmes? Pourtant, ils avaient tous une mère.

Sans vouloir passer pour un freudien intégriste, je ferais remarquer qu’il est couramment admis que, pour un être humain, tout se joue avant six ans. Tout, la formule est excessive. Son déterminisme fait froid dans le dos. En tempérant, on pourrait dire que beaucoup se joue avant l’âge de six ans, beaucoup de la personnalité future, du comportement du futur adulte. Si l’on ajoute à cela des affirmations plus récentes de psychologues modernes selon lesquels l’influence du père se réduit à rien avant l’âge de six ans, que tout dépend, dans cette période, du rapport de l’enfant à sa mère et que la seule place que peut espérer un père est celle que lui laissera la mère, on en arrive au moment de la déduction.

Qu’on me comprenne bien. J’ai torché, nourri, bercé, chacun de mes enfants. Et dès leur naissance. J’ai éduqué, j’ai raconté des histoires chaque soir, je me suis occupé presque à l’excès, au point de mériter le qualificatif de “papa poule”, de tous mes rejetons. Mais jamais je n’ai oublié que mon pouvoir dépendait uniquement de ce que leur maman m’accordait. Je pense, en outre, faire partie d’une minorité qu’on pourrait qualifier de “féministes de sexe masculin”.

Au moment de conclure, je l’avoue, j’hésite. On ne peut pas prendre à la légère l’idée de se brouiller avec la moitié de l’humanité. Néanmoins, je vais me lancer: n’y aurait-il pas une réelle question derrière le rapport qu’entretiennent les mères, en général, certaines d’entre elles, en particulier, avec leurs fils? Si les garçons sont ce qu’ils sont, parfois réussis, parfois ordinaires, parfois monstrueux, ne serait-ce pas parce que, le plus souvent inconsciemment, je le concède, leur maman les a ainsi voulus?

Cette question ne mériterait-elle pas qu’on s’y arrête?

dimanche 5 avril 2009

La solitude du mécréant

Si l’on met à part les croyants instinctifs, genre foi du charbonnier, les croyants plus intellectuels, du genre théologiens, philosophes, les intellectuels croyants, Claudel, Guitton, les douteux, du genre Pascal, Debray, les tolérants, genre Comte Sponville, les athées mollassons, genre Sartre, ceux qui disent s'en moquer, qui ne sont en fait que des croyants naturels, il reste quoi? Un pour cent? Pour mille? Pour dix mille? J’en suis. Outre l’espoir d’une considération pour la rage que cette exception fait inéluctablement naître dans les cerveaux originaux de ceux qui ne croient véritablement pas, je voudrais juste laisser entrevoir l’ampleur du gouffre qui nous sépare du reste de l’humanité: avez-vous idée de l’univers mental qui est le nôtre? C’est un espace de pensée où Spinoza, Kant, Pascal, j’en passe, des plus actuels et des moins bons, ne tiennent que des conversations de salon, dissertent sur l”existence ou non des extra-terrestres, leur oeuvre consistant surtout à se situer, parfois pour en démontrer l’indigence, par rapport à l’idée de dieu. Or, je voudrais ici le rappeler, il existe des gens pour qui cette question n’est pas. Qui ne raisonnent absolument pas le monde, en particulier celui de la pensée, comme devant se situer ou bien se définir comme centré sur la question de l’existence ou non d’une puissance supérieure. A côté, simplement à côté. Pas contre, pas en opposition: sans. Il est des ségrégations inadmissibles, matérielles, terrestres, ontologiques, et porteuses de souffrances bien plus intolérables mais avez-vous idée de l’incroyable distance, à peine mesurable en parsec, qui, tout à fait ordinairement et quotidiennement, sépare votre univers mental, car vous êtes croyant, n’êtes-vous pas?, de celui des gens qui me ressemblent? Pouvez-vous citer un lieu, réel, virtuel, intellectuel, artistique, où cette distance serait prise en compte, mesurée, simplement entérinée?

samedi 4 avril 2009

Emoi

Je me souviens de vous, belle jeune fille d’origine italienne à la poitrine opulente, qui m’aviez permis d’ouvrir votre corsage et de goûter d’une bouche avide le soyeux nacré de votre peau intime dans le secret d’une alcôve exiguë. Votre tissu encombrait et je le fis glisser. Vos dentelles, ensuite, que vous m’autorisâtes à dégrafer. Vos jeunes seins n’en avaient nul besoin pour pointer le ciel. Nous avons usé nos bouches jusqu’à la douleur, moi sur votre buste, votre bouche, votre cou, vous, plus sagement, sur mes lèvres uniquement. Combien de temps nous sommes-nous ainsi goûtés? Une éternité de délices. De vous, je me souviens. Mais, plus que tout, de vos seins sublimes, qui me restent en mémoire comme les plus beaux que je vis jamais.

vendredi 3 avril 2009

Doudou not spéhaque angle iche.

L’une des manifestations les plus palpables d’une intelligence humaine supérieure est, c’est assez unanimement reconnu, la capacité qu’elle offre à manier les langues dites étrangères. J’ai récemment entendu à la radio un “surdoué” britannique qui en manie une vingtaine, au bas mot. Je me souviens d’avoir lu ”je suis comme une truie qui doute”, de Duneton, où il effleure le fait que l’aisance à manier le langage dépendrait de la quantité d’affect dont on charge les mots. Si ceux-ci sont pour vous une souffrance, souvent dûe à vos rapports à votre milieu originel, votre langage est forcément pauvre. Restons prudents.

Malgré une carrière d’avocat d’affaires à l’international, malgré dix années de cours particuliers, malgré le fait, plus récent, qu’il s’est adjoint une épouse parfaitement bilingue, notre monarque en minuscule n’est pas foutu d’aligner deux phrases correctes en Anglais, et avec, en prime, un accent déplorable, ce qui provoque souvent l’hilarité de ses interlocuteurs étrangers. Il faut bien le constater, si l’affirmation de son épouse selon laquelle notre mini-prince disposerait de cinq ou six cerveaux est vraie, aucun ne parle Anglais.

Je vous laisse la charge, car je suis certain que vous avez, vous-même, un esprit, de la synthèse entre la première et la seconde partie de ce texte.

jeudi 2 avril 2009

En coup de vent

Le vent fripon, disait Georges. Ce n’était pas le pont des Arts mais c’était le printemps. Votre robe était légère. Le vent bourrasquait par moments. La robe a suivi un violent courant ascendant. J’étais aux premières loges. Le moment fut charmant. Vraiment charmant. Jolies jambes, culotte tout à fait montrable, assez dentelée, transparente juste ce qu’il faut. Votre anatomie m’a sauté aux yeux. Une minute, quelques secondes, de celles qui donnent de l’épaisseur au temps. Des instants où l’on ne se demande plus pourquoi. Pourquoi je suis là, à quoi ça sert? Envolées les idées noires, avec le souffle et votre robe légère. Bien sûr, je sais bien. Si je les voyais dans un autre contexte, vos charmes seraient sûrement moins puissants. Vos jambes, votre pubis, je les trouverais certainement beaucoup moins séduisants. Je verrais les bourrelets, les vergetures, les amas, les imperfections. Le charme est tellement lié à l’instant. Le vent est retombé, le tissu avec. Nous sommes repartis vers nos pourquoi.

mercredi 1 avril 2009

hic

A ma décharge, faut dire, ils sont tellement à avoir picolé avant moi. Des célèbres, je veux dire. Hemingway, Verlaine, Van Gogh, London, des foules... Évidemment, l’imitation, tu sais bien. On se dit qu’en pochtronant, on va leur ressembler un peu. Un soupçon, d’accord. Quoi, c’est pas boire qui donne du talent. C’est pas c’que j’ai dit. Je dis que le talent, manifestement, ça amène à lever le coude. Avoir du talent, ça a l’air d’être lourd. Tu peux pas nier. Et puis de toute façon, tu peux pas savoir. Toi, le talent, hein!... Quoi encore? C’est parce que j’suis encore pompette que je m’enflamme contre le monde? Que je turlutte ou pas, le monde est à chier. C’est lui qu’a commencé. D’accord j’arrête de boire mais le monde d’abord: il arrête de me les briser en premier.