lundi 31 août 2009

Vie de nuit

Nuit. Yeux ouverts. Grand ouverts. Se lever? Quelque chose à faire encore? Un travail, une page? Sûrement. Mais cette nuit, non. Profiter. Yeux ouverts. Sans un geste, s’ouvrir. Les bruits, les pensées, laisser venir. Prendre. Insomnie? Non. Besoin. Nécessité d’être là, rien qu’être là, au monde, en vie. Dormir? Pas le temps. Plus tard. Yeux ouverts. Emplir ses poumons. Petit filet d’air. Lentement. Respirer tant qu’il en est encore temps.

dimanche 30 août 2009

Des tocs et des manies

D’abord, il est parti faire la vaisselle. Une très longue vaisselle. Ensuite, revenu, il a entrepris de l’essuyer. Un essuyage extrêmement minutieux et répétitif. Après quoi, ayant rangé les ustensiles, il s’est attelé au nettoyage de la table. Une fois, deux, trois, la moindre tache, et encore, comme s’il en restait toujours une. Là, il a pris une lingette et puis s’est méticuleusement lavé les mains, chaque doigt, l’un après l’autre et puis a recommencé. Après ça, un long quart d’heure, il s’est mis en tête de balayer le tapis de sol de la tente avec une balayette. Aucune chance, dans un camping sableux, d’avoir un tapis de sol immaculé. Il a recommencé. Encore et encore. Pour finir, il a repris une lingette et a recommencé le petit ballet des doigts, l’un après l’autre, encore, encore, et encore. Toc. Jusqu’à cet instant je n’avais jamais entendu parler d’un homme atteint de ce trouble. Erreur. Pas vraiment un toc irrépressible mais un toc. Pas de doute. Pendant ce temps-là, une autre voisine a ouvert sa voiture avec sa télécommande. Clac!.. A pris une chose dans le coffre. A refermé l’auto. Clac.... Est revenue dix minutes plus tard. A de nouveau ouvert. Clac!.. A reposé l’objet, en a pris un autre. A refermé le coffre. A refait claquer les fermetures automatiques. Clac!.... est revenue sept minutes plus tard, a rouvert l’auto.. Clac!.. A reposé l’objet. En a pris un autre. A refermé. Clac!... Et ainsi de suite, au moins dix fois... Ouvrir, fermer à clé, ouvrir, fermer à clé... Qui est normal?

samedi 29 août 2009

Taureau

Il n’y a rien à faire, on se fait toujours avoir au coup du chiffon rouge. On fonce. Pour ne pas y aller, il faudrait être d’un autre bois. On se soigne, pourtant. On a quand même tendance à foncer de moins en moins. Mais on a de beaux restes. J’en connais à qui on ne la fait pas. Souvent, après-coup, ils vous disent simplement: pourquoi tu y es encore allé? Facile. Pas facile, par contre, de planter une corne au premier passage, dans une cuisse, un bas-ventre, un mollet. La plupart du temps, on rate le pantin. Aux arènes, l’arlequin redonne une chance à la bête. Courageux, faut reconnaître. Bon, d’accord, il a très faim et c’est ça ou la rue, mais quand même. Dans la vie, le clown qui vous provoque ne vous laisse que rarement deux chances. Et si vous le ratez, qui a l’air ballot? Et l’autre, généralement modeste, fanfaronne. Il faudrait parvenir à ne pas y accorder trop d’importance. En général, on n’est pas aidé. A peine le coup porté, on voit dans la foule un tas de petits clowns qui se disent qu’il n’est pas si difficile de vous ridiculiser.

vendredi 28 août 2009

En rang les nouveaux!

La rentrée, c’est une échéance. Qu’on le veuille ou non, on se retrouve quand même à rassembler son énergie, à faire le point, à chercher le courage et les motivations pour repartir. Et, inévitablement, tombe la question du “à quoi ça sert tout ça?” Et si on laissait tout tomber, qu’on allait cueillir des fleurs, se baguenauder nez au vent? Si on ne repartait pas, tiens!.. Tout jeter aux orties et... vivre.... Tant pis pour l’oeuvre, m’en fout l’avenir. D’ailleurs, je n’ai pas d’avenir. Vous voyez, des idées bien joyeuses. Et puis, une fois encore, on retrouve le souffle, le désir, la joie de mettre des mots partout, d’en couvrir tous les supports, de les jeter à la face de gens qui n’en ont pas grand chose à faire. On se projette de nouveau au delà du lendemain matin. A quoi ça sert? Toujours à rien. Mais on décide de ne plus se poser la question jusqu’à l’an prochain...

jeudi 27 août 2009

De l'expression "Rendre son tablier"

Je viens d’entendre sur France Inter une entrevue avec François Bégaudeau à propos de son livre «Vers la douceur» (éditions Verticales). Je sais, j’écoute trop la radio. D’un autre côté, si je l’écoute pas, hein!..., où je vais trouver la matière à des courts journaliers?..... Ça commençait bien. Le Bégaudeau a entammé par une allusion au «surhomme» de Nietzsche. J’ai évidemment tendu l’oreille. Manque de bol, juste quelques minutes plus tard, le voilà qui nous parle de mur et qui explique que certains humains voient le mur et d’autres pas et que, les malins, c’est ceux qui font tout pour l’éviter. Là, j’avoue, je rends mon tablier. Si vous m’avez lu, vous savez que, pour moi, le mur.... J’ai jamais vu de mur, dans ce sens-là, dans ma vie. Tout passe sans heurts, sans choc... Pof... Franchi, le soi-disant mur. A part le mur, au sens symbolique, je me suis demandé: qu’est-ce qu’un humain peut bien voir comme mur? Bon, on fait court: la mort. D’accord? Le surhomme, au sens nietzschéen, pour moi, c’est celui qui voit arriver le tragique, la mort, mais qui peut quand même vivre..... Pas l’éviter.... On peut pas l’éviter... J’ai pas dû comprendre Bégaudeau.... Encore un!.. J’ai l’habitude.... Dans la même émission, Jacques Higelin a débarqué avec sa petite phrase à lui: «on devrait pas perdre le contact avec l’enfant qui est en nous».... Là, je rends vraiment mon tablier......

mercredi 26 août 2009

Du pareil au même

On n’est pas très beau
on n’est pas très malin,
des fois bien pire que ça,
on ne sait rien de l’avenir,
si ce n’est la toute fin
qui nous tord si fort les tripes,
on est perdu,
souvent minable,
on s’est coupé les ailes,
on ne rêve plus,
petite vie, petit train train,
et, pourtant,
on ne cesse de se reproduire.
On doit bien s’aimer un peu.

mardi 25 août 2009

Bachelot tue

C’est un peu infantile mais je me suis fait un petit plaisir. Après moult bricolages, j’ai réussi à remplacer l’étiquette “Fumer Tue” trônant sur mon paquet de tabac par une autre, de ma fabrication, où j’ai inscrit: “Bachelot Tue”. Avec la réforme de la santé dont elle est chargée, je suis certain que mon avertissement va s’avérer. On va mourir en France, en 2009 et après, faute de soin, faute de place, faute de personnel, faute de crédits. Mais vous êtes sûrement rassurés de savoir que vous n’aurez pas la grippe A. Je crois que quelqu’un devrait se lancer dans le macabre compte des décès que nous devrons à la chère Roselyne. Ce décompte devrait rapidement être édifiant. Mais si vous mourez, c’est bien entendu parce que vous fumez.

lundi 24 août 2009

E dans l'eau

O, œil dans l’eau
S carbille
P cadille
C cédille
Ça change tout
t’es partie
foutu l’camp
par le train
c’est fini
il pleuvait
dans tes yeux.

dimanche 23 août 2009

Petit personnel

Le lobby des restaurateurs a gagné sa réduction de la TVA à 5,5. Avec des arguments qui frôlent le nauséabond, ce qui ne me donne guère l’envie de me rendre dans leurs établissements. Nous aurons au moins appris, qu’en sus du monde paysan de la FNSEA, des fabricants d’automobiles, des pétroliers, des nucléaristes, les restaurateurs sont au nombre de ceux dont le poids politique modifie parfois les orientations gouvernementales. Depuis, vous l’aurez remarqué, nous déchantons. Cette baisse censée se répercuter sur les prix n’a eu que peu d’effets. Le pire est pour le personnel. On nous avait promis des hausses de salaires, des embauches, des réductions de temps de travail. Rien de tout ça. Le discours patronal reste que ce métier est un métier dur, qu’il demande beaucoup, que si l’on veut y réussir, on doit se “remuer” et faire preuve d’un courage exceptionnel. La question que je me pose est: qu’allons-nous chercher, exactement, au restaurant? Pourquoi allons-nous dîner, parfois très ordinairement, dans ces établissements? Et ma réponse: du petit personnel. Les bourgeois, au sens primaire de ce mot, n’ont plus de petit personnel. D’ailleurs, il n’y a plus de petit personnel, vous savez bien. L’un des seuls lieux où l’on en trouve encore, c’est au resto. On lève le petit doigt et hop, oui monsieur? Et pour Monsieur ce sera? Vous avez remarqué le nombre de gens qui gueulent contre le personnel au restaurant. Pas une fois où je n’ai pas vu un client enragé contre le service. Alors, non, le sort des travailleurs de la restauration ne va pas s’améliorer. Ils resteront de semi-esclaves au service du client. C’est constitutif de leur situation. Ils sont là pour ça. Et il n’est rien d’étonnant au fait qu’ils soient payés des clopinettes. On devrait même pas les payer. Il m’a été donné de fréquenter un établissement de formation aux métiers de la restauration. Vous n’avez pas idée de la dose de soumission qu’on y exige des élèves. Savoir faire ET savoir être, on dit. En résumé: oui not’ Monsieur, oui not’ bon maître. Tout le discours actuel autour de l’amélioration des conditions de travail dans les restaurants n’est que pure hypocrisie.

samedi 22 août 2009

Lettre à la femme que je n’ai jamais trouvée.

J’ai remonté mille ans
le cours de l’Alesson,
j’ai griffé mes mains
brûlé mes pieds,
meurtri mon corps,
égratigné ma peau,
pataugé, marché encore,
manqué me noyer,
failli périr dans des sols mouvants,
déchiré mes vêtements
et mon paletot
j’ai starvé to death,
j’ai vu les géants
végétaux et séculaires
que tu m’avais décrits en rêve,
j’ai entendu gémir le monde,
j’ai vu se lever tous les soleils,
j’ai craint la nuit,
Tremblé, grelotté,
et puis marché encore
sans jamais atteindre
la source des eaux
mais, pire que tout,
sans jamais te trouver.

vendredi 21 août 2009

Végétal

Les végétariens me font généralement sourire. Ceux, surtout, qui vous expliquent qu’ils ne peuvent manger de la viande à cause de la proximité qu’ils ressentent avec le règne animal. Se rendent-ils compte qu’ils se qualifient eux-mêmes de bestioles? Avec tout le renoncement à l’intelligence que signifie cette confusion? Mais ce qui me fait le plus rire, c’est d’envisager leur tête le jour où on leur apprendra, ce qui pourrait venir, qu’une salade a un système nerveux embryonnaire qui l’autorise à ressentir la douleur ou d’autres émotions. Je me souviens, dans les années 70, de quelques publications très argumentées sur l’évanouissement des plantes, par exemple. Ce jour-là, cesseront-ils d’en consommer, se ravalant, cette fois, à l’état de légumes?

jeudi 20 août 2009

Géants

Pour qui aime parler front contre front avec les géants, certains diraient se gargariser, la montagne, c’est un endroit qui force le respect. Deux, trois mille mètres au dessus de vous, majestueuse, impériale, impassible, immuable. Une force terrible. Encore plus impressionnant l’été, je trouve, à cause de l’absence de neige, qui a tendance à tout aplatir. Là, les titans, ils vous regardent de toute leur hauteur, vous toisent, vous écrasent presque. La montagne, beaucoup de philosophes en ont parlé, en ont fait un symbole de l’élévation de l’esprit, de la solitude inhérente à la hauteur. Devant ça, on comprend vraiment pourquoi.

mercredi 19 août 2009

Rêverie

Un maillot de bain blanc sur une peau chocolatée de soleil, c’est irrésistible. Un deux pièces, en plus, un peu dentelé. On en croquerait. Encore pire si la jeune fille a les formes parfaitement féminines du violoncelle. On en croquerait si la donzelle n’avait pas 16 ans. Seize ans, vous me direz, c’est l’âge de se faire croquer. Par moi, non. Je pourrais objectivement être son grand-père. Il y en a que ça n’arrête pas, on dit. Moi, si. On ne fait pas des choses comme ça. On a tous nos limites, pas vrai? Vous en croqueriez, vous? Moi, décidément, non. Je me contente d’un regard, du rêve d’en croquer quand même un tout petit morceau et puis je me contente d’un plaisir familier: la contemplation.

mardi 18 août 2009

Rentrée

Et bien je suis heureux de vous l’apprendre: il existe en France des endroits où l’on perd totalement le contact avec la toile. Oubliés l’ordinateur et les mails, envolés les soucis, adieu monde virtuel. Et on en revient, dites donc. En pleine forme, tout. Me voici donc de nouveau au clavier.... Je repars... Je ne sais si je parviendrai à tenir la gageure du quotidien... Je vous livre demain le premier nouveau court de rentrée.... Merci à vous d’être là.