samedi 1 mai 2010

Lauriers

On court tous après la réussite, il semblerait. Définir le mot réussite, j’ai pas la place. Chacun la sienne. Mais, quand même, admettons qu’il y a une majorité de gens pour lesquels ça tourne autour du pouvoir et de l’argent. Ou des deux. Ou du pouvoir que donne l’argent. Pour une bonne autre part, c’est la renommée. La réussite par les honneurs. Pourtant, on est beaucoup à savoir que le pouvoir corrompt, et que le pouvoir absolu corrompt absolument, comme on disait dans l’antique vingtième siècle. En gros, une quantité non négligeable de gens savent que ni le pouvoir ni les honneurs ne peuvent, en soi, apporter la sérénité ou le “bonheur”. Définir le bonheur? Même remarque: pas la place. Et puis, il y a une minorité de gens qui fuient les honneurs et la gloire, cette forme de réussite. L’histoire de la littérature, par exemple, regorge de figures d’ermites. La plupart a connu la célébrité par un ou plusieurs livres. Mais, d’eux, on ne sait rien, pas grand chose. Ils ont fui les feux de la rampe. C’est ici l’expression d’une défiance envers les oripeaux de la gloire, son côté factice, peut-être le ressenti d’une menace qu’elle ferait peser et sur la raison et sur l’oeuvre de ces artistes. Et puis il y a enfin ceux, dont je fais partie, qui tournent les talons dès qu’il pourrait être question d’une quelconque parcelle de notoriété, qui font tout pour qu’elle n’arrive jamais, qui se fâchent sans explication avec quiconque pourrait ne serait-ce qu’être considéré comme une première pierre sur son chemin, qui cassent sans arrêt leurs joujoux, qui vont systématiquement organiser leurs défaites, qui passent leur vie à produire des choses sans jamais les montrer, ou presque, des fois que ça marcherait....

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