dimanche 5 juillet 2009

Refaire

Le snobisme culturel m’épuise. Je parle de ces gens qui préfèrent le “savoir” au “comprendre”, qui ont tout lu, sont en capacité de vous réciter par coeur une page de tous les livres de la terre et qui n’en font rien d’autre que de les réciter. Brillants, c’est certain. Mais, dites moi, à quoi ça sert? Je suis d’accord avec Djian lorsqu’il dit qu’il y a un certain confort à écrire toujours sur des histoires passées, à les revisiter, à donner son point de vue, alors que chacun connaît très bien la conclusion, plutôt que de se lancer dans l’inconnu de narrations novatrices, seraient-elles peu originales... Hélas, j’exècre absolument ce que Djian fait de sa propre proposition et je ne partage avec lui aucune autre idée. Personne n’est parfait. Pour autant, bien que souscrivant à l’injonction, je ne peux rêver de créer ex-nihilo. Et je suis tout à fait convaincu du fait que ce que je me prépare à écrire, avec la plus grande innocence, l’a déjà été, sous une autre forme. Est-ce pour autant que je dois absolument m’enseigner de tout ce qui a été écrit? En d’autres mots, si je lis d’abord tous les livres, cela m’interdira-t-il de ne faire que recommencer? Bien entendu non. Mieux, si, sur le coin de ma table, je ne fais que réécrire, par exemple, Les Misérables d’Hugo, cette pseudo-création en est-elle pour autant imméritoire? Réécrire Hugo, ce n’est pas si mal. D’autant plus si on ne l’a pas lu. En conséquence, si l’on se fixe comme horizon de tout lire, dans la mesure du possible, et que, de surcroît, on s’attelle, un peu déraisonnablement, à l’écriture, le mieux que l’on puisse faire, c’est de créer ses propres histoires, sans se contenter de reproduire, de refaire, mais en refaisant, en toute innocence, en donnant tout ce qu’on a, en oubliant qu’on a lu et en négligeant le fait que ce ne serait que reproduction.

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