mercredi 21 octobre 2009

Lame

Dans un film qui, en dehors de ça, ne me semble guère compter, et dont, je le reconnais, j’ai oublié le titre, un pauvre type passe et repasse, un couteau en main, qu’il tient par la lame, en proposant à ses interlocuteurs, qu’il fatigue, évidemment, de tirer sur le manche et de lui ôter le couteau des mains, ce qui aurait pour effet, bien sûr, de lui déchiqueter la main. Il parie sur le cynisme de ses contemporains, dont il sait que, plutôt que le blesser, ils vont succomber à leur empathie et lui donner le billet qu’il a, seul, parié, plutôt que de verser son sang. Jusqu’au jour où l’un d’eux, plus mal luné, plus préoccupé, tire sur le dit manche et fait perdre au parieur impénitent, tout à la fois, sa main, son moyen d’existence et sa dignité. L’instant d’après, il va le regretter. Trop tard. Ainsi vont les rapports humains, dans la violence, l’inadvertance (un très bon livre), le hasard. Pour celui qui est humilié, la bascule. Pour celui qui humilie, l’usuel. Sauf que, si nous nous retournons une seconde seulement sur notre propre personne, nous savons très bien que nous pouvons être les deux. Nous le savons, ce qui nous incite plutôt, parce que cette idée est insupportable, à tirer sur les manches qu’à tenir des couteaux par la lame.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire