mercredi 14 octobre 2009

Sagacité

La répartition aléatoire de l’intelligence sur Terre est l’une des injustices les plus insupportables de l’existence. Comment j’en suis arrivé là? Ben, évidemment, on est en plein dedans.... J’ai l’air de me poser en “plus intelligent”... Pourtant, je crois que nous sommes tous aptes à reconnaître que, par exemple, nous sommes les plus mal placés pour savoir que l’auto dans laquelle nous circulons n’a qu’un phare ou bien que l’un de ses pneus est dégonflé. Mieux: ce n’est pas parce que le propriétaire de l’autre auto ne s’est pas aperçu, lui-même, qu’aucun de ses feux ne s’allume, que cela le rend inapte à remarquer que les vôtres dysfonctionnent. Le problème posé par l’intelligence est fractal. Par là, je veux dire qu’il n’est pas très différent suivant qu’on le pose au niveau global ou au niveau individuel. Il n’y a que très peu d’intelligence dans l’humain. Très peu dans chacun comme très peu dans l’ensemble.. Autant, en fait, statistiquement... N’allez pas croire que cette règle souffre d’exceptions.. Il n’y a que très peu d’intelligence dans mon voisin et guère plus dans Voltaire, Hugo, Einstein... Simplement, ceux-là ont une part d’intelligence visible, évidente, une part que nos sociétés valorisent et admirent mais guère plus que dans l’oreille d’un mécanicien qui sait de quoi le moteur d’une auto souffre à la première audition. L’Homme n’est pas fait pour reconnaître l’intelligence. L’odeur de l’urine, des phéromones, le goût, le son, la terreur, l’agressivité, etc... nous sont des sensations familières. L’intelligence nous est étrangère... Tant, que ses manifestations sont souvent perçues comme ineptes. Je pense, par exemple, à Nietzsche, dont je crois qu’il fait exception, avec quelques autres, peu d’autres, au sens où il était pure intelligence. Ce qui lui vaut un discrédit incommensurable.... et un mépris inextinguible... On ne retient que la folie et la dangerosité... Comme si l’intelligence était perçue comme fondamentalement dangereuse. En fait, elle n’est vue, ressentie, que comme un danger. Uniquement à cause du fait que nous n’en sommes, généralement, que peu dotés, que nous le savons, et que nous craignons son pouvoir sur nos esprits, que nous savons faibles.

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