lundi 1 juin 2009

Nerfs d'acier

Les avions modernes, particulièrement les Airbus, jouissent d’une qualité absolument exceptionnelle, rarement connue avant eux: ils sont autre chose qu’un fer à repasser volant. En clair, sans moteur, ils vous laissent l’opportunité de limiter les dégâts en cas d’atterrissage en catastrophe. Ce fait a été récemment démontré par un pilote, jugé héroïque, qui nous en a jeté un dans l’Hudson River, moteurs en croix, et a pu, ainsi, sauver la vie de tous ses passagers. Qu’est-ce qui fait, alors, que certains s’écrasent? Le mental du pilote, évidemment. Ce garçon est tout soudain dans une situation sidérante: il va mourir. Avec lui, plein de gens. Je vous parie que cette objection ne fait pas partie de ses préoccupations. IL va mourir. Par ce qu’on croit être un hasard, une coïncidence, certains vont, à ce moment, ignorer cette contingence et, par là, se mettre en capacité de la surmonter. D’autres vont être effectivement sidérés, annihilant, ainsi, toute chance de survie basée sur la raison. En poussant encore d’un cran le questionnement (que seraient-ce que les faits divers si ce n’est une opportunité de questionnement?) nous en arrivons à la question délicate: quelle différence peut-il bien y avoir entre un type qui, dans ces conditions, parvient à dépasser la contingence et un autre, pas moins instruit, pas moins malin, pas moins humain, qui, lui, va se planter parce que sidéré? Vous vous attendez à quoi? Que je réponde: parce qu’il est suprêmement intelligent? Vous avez raison, cette réponse est suffisante. Si le pilote a tout lu, tout compris, à ce moment-là, il va surmonter sa sidération. Un surhomme, au sens de qui vous devez savoir. Mais il y a une autre réponse. Si c’est un crétin, ça marche aussi. Par le simple fait qu’il ne voit pas le problème. Vous avez remarqué qu’en langue française, la locution “imbécile heureux” a toujours eu beaucoup d’importance? Votre choix est donc simple: soit vous choisissez d’ignorer, définitivement, votre sort final, soit, si vous commencez de l’envisager, vous n’avez d’autre possibilité que d’y réfléchir à fond. Jusqu’à la folie, qui vous sauvera, peut-être, quelque jour.

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