jeudi 16 avril 2009

Les autres

Si je le fais pas, de toute façon, un autre le fera. Combien de fois avez-vous entendu cette phrase? Je la trouve totalement affligeante. Vous savez, le genre de truc qui vous laisse absolument sans réaction. Pas qu’elle ne me révolte pas. Mais, justement, qu’elle me scandalise à un point tel que j’en suis sidéré. Je crois ne rien pouvoir entendre de pire, moralement s’entend. Se rend-on compte à quel point cette phrase est un barrage qui se rompt, l’ouverture au déferlement du pire, du plus odieux, du plus intolérable? Quelle est la limite de cette affirmation? Aucune. Car, nous le savons bien, l’être humain est capable de rivaliser dans le plus abjecte bien plus sûrement qu’il n’est susceptible de le faire dans le meilleur, la responsabilité, l’élégance, l’incorruptibilité. Cette phrase, Nietzsche a dû l’entendre avant de nous livrer son humain trop humain. Lorsque je la reçois, je perçois immédiatement l’immensité de mon impuissance. Combien de temps devrait durer la discussion qui aboutirait à faire entrevoir à son auteur l’énormité du gouffre qu’elle ouvre? Une vie n’y suffirait pas. D’ailleurs, elle est souvent prononcée par des gens à qui une vie ne suffira pas pour devenir des êtres humains.

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