dimanche 5 avril 2009

La solitude du mécréant

Si l’on met à part les croyants instinctifs, genre foi du charbonnier, les croyants plus intellectuels, du genre théologiens, philosophes, les intellectuels croyants, Claudel, Guitton, les douteux, du genre Pascal, Debray, les tolérants, genre Comte Sponville, les athées mollassons, genre Sartre, ceux qui disent s'en moquer, qui ne sont en fait que des croyants naturels, il reste quoi? Un pour cent? Pour mille? Pour dix mille? J’en suis. Outre l’espoir d’une considération pour la rage que cette exception fait inéluctablement naître dans les cerveaux originaux de ceux qui ne croient véritablement pas, je voudrais juste laisser entrevoir l’ampleur du gouffre qui nous sépare du reste de l’humanité: avez-vous idée de l’univers mental qui est le nôtre? C’est un espace de pensée où Spinoza, Kant, Pascal, j’en passe, des plus actuels et des moins bons, ne tiennent que des conversations de salon, dissertent sur l”existence ou non des extra-terrestres, leur oeuvre consistant surtout à se situer, parfois pour en démontrer l’indigence, par rapport à l’idée de dieu. Or, je voudrais ici le rappeler, il existe des gens pour qui cette question n’est pas. Qui ne raisonnent absolument pas le monde, en particulier celui de la pensée, comme devant se situer ou bien se définir comme centré sur la question de l’existence ou non d’une puissance supérieure. A côté, simplement à côté. Pas contre, pas en opposition: sans. Il est des ségrégations inadmissibles, matérielles, terrestres, ontologiques, et porteuses de souffrances bien plus intolérables mais avez-vous idée de l’incroyable distance, à peine mesurable en parsec, qui, tout à fait ordinairement et quotidiennement, sépare votre univers mental, car vous êtes croyant, n’êtes-vous pas?, de celui des gens qui me ressemblent? Pouvez-vous citer un lieu, réel, virtuel, intellectuel, artistique, où cette distance serait prise en compte, mesurée, simplement entérinée?

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