mardi 21 avril 2009

No sport

Bulletin d’information de France Inter, le 20 avril à 7 heures: huit minutes, quatre pour la politique générale, dont une pour Ségolène et les réactions qu’elle provoque, l’international, les divers, quatre pour le sport, surtout le foot, et, au milieu de tout ça, sept secondes pour annoncer la mort de J.G. Ballard, annonce que vous n’avez aucune chance d’avoir saisie si vous ne connaissez pas ce nom. Mr Ballard était un écrivain britannique décédé dimanche d’un cancer. Vous trouverez tous les renseignements utiles sur l’importance de son oeuvre en quelques clics. Je trouve scandaleuse cette hiérarchie de l’information. Vous me direz, normal, un écrivain, ça me cause. C’est un truc très égocentré. Si ça m’intéresse moi, c’est pour des raisons personnelles, évidemment. Un écrivain!... Je proteste avec la plus haute énergie contre cette remarque idiote. Assez solitairement (je ne connais pas d’autre cas... Le moment de vous manifester..) je ne me contente pas d’être indifférent au “sport”, du moins à sa traduction dans les médias. Je suis contre!.... je le hais, Je le considère comme un opium du peuple, un instrument politique d’abrutissement, une aliénation, une ineptie, une crétinerie, pratiquement ce que nous pouvons faire de pire. Tout y est: le beaufisme, l’alcool, les mouvements de foule, le racisme, la joie des imbéciles heureux qui sont nés quelque part, l’appât du gain, la futilité, la scatologie, l’instinct brutal des animaux, l’envie de meurtre. Le sport réunit tous les côtés les plus noirs de l’esprit humain. Et aucun des bons, malgré ce qu’essayent de nous en faire croire les moyens d’information, les journalistes et les intellectuels vendus. Quelqu’un qui déteste le sport ne peut pas être tout à fait mauvais. Le seul sport que je supporte, sans jamais le pratiquer, c’est celui qu’on fait le dimanche, pour soi-même, pour son plaisir, et loin des caméras.

La vengeance de l’écrivain, c’est que, malgré l’indigence des hommages qui lui sont rendus, son oeuvre restera parmi nous pour nous parler de lui jusqu’à la fin des temps. Jusqu’à la fin de ce monde futile et médiocre, nous pourrons relire ses pensées, ses rêves, ses condamnations de notre médiocrité, ses espoirs, s’il en a. Et que restera-t-il des sportifs?

1 commentaire:

  1. georges Palante, chronique du Mercure de France, 16 mars 1919

    "N'êtes-vous pas un peu agacé par cette table des valeurs, par cette apothéose à la mode des maîtres et des forts, entendant par maîtres et par forts exclusivement des sportifs, des footballeurs, des souples, des alertes, désinvoltes, etc. ! Le type du sous-off à la taille fine, casseur de cœurs ! - Tout de même une allure lente, un geste embarrassé peuvent parfois accompagner une âme et un esprit d'une qualité qui n'est pas absolument méprisable."

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