vendredi 10 avril 2009

L'estomac noué

L'expert: Cet homme-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands experts. De quoi dit-il que vous êtes malade?
L'ouvrier: Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que c'est de la rate, d’autres que je suis en colère ou de l’ultra gauche.
L'expert: Ce sont tous des ignorants: c'est d’inquiétude que vous êtes malade.
L'ouvrier: D’inquiétude?
L'expert: Oui. Que sentez-vous?
L'ouvrier: Je sens de temps en temps des douleurs de tête.
L'expert: Justement, l’inquiétude.
L'ouvrier: Il me semble parfois que j'ai un voile devant les yeux.
L'expert: L’inquiétude.
L'ouvrier: J'ai quelquefois des maux de cœur.
L'expert: L’inquiétude.
L'ouvrier: Je sens parfois des lassitudes par tous les membres.
L'expert: L’inquiétude.
L'ouvrier: Et quelquefois il me prend des douleurs dans le ventre, comme si c'était des coliques.
L'expert: L’inquiétude. Vous avez appétit à ce que vous mangez?
L'ouvrier: Oui, Monsieur.
L'expert: L’inquiétude. Vous aimez à boire un peu de vin?
L'ouvrier: Oui, Monsieur.
L'expert: L’inquiétude. Il vous prend un petit sommeil après le repas, et vous êtes bien aise de dormir?
L'ouvrier: Oui, Monsieur.
L'expert: L’inquiétude, l’inquiétude, vous dis-je.

Vous avez remarqué? Nous sommes inquiets. Tous nos experts, d’un bout à l’autre de l’échiquier, sont unanimes: le peuple français est inquiet. Pas en colère, pas révolté, pas indigné, outré, choqué, pas scandalisé, encore moins en lutte: nous sommes inquiets.

Moi, une seule chose m’inquiète: c’est de savoir combien de temps encore nous serons gouvernés par ces pitres porcins et obscènes. Et, plus encore, de savoir jusqu’où il va falloir qu’ils aillent avant qu’on se décide enfin à leur botter le train.

N.B. : la première partie de ce texte a été rédigée avec l’aide d’un certain J.B. Poquelin. Je l’en remercie.

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