mercredi 20 mai 2009

Chair de ma chair

L’envie de jeter son enfant par la fenêtre, à bout, parce qu’il vous les brise menu menu depuis le matin et que, là, vraiment, vous ne voyez plus d’autre solution, cette envie, il paraît qu’on l’a tous eue. Il y aurait quelque chose d’universel, là-dedans, un machin qu’on partage tous, tous les parents. Je ne suis pas sûr que ce sentiment ait été théorisé. Et pas sûr non plus qu’il ne l’a pas été. Quand ça vous prend, c’est presque instantanément irrépressible. D’une force!... Et ça laisse très démuni. On n’a presque pas le temps d’y penser, de prendre la distance nécessaire. On sent qu’on pourrait le faire. Il n’y a qu’une solution: s’en aller et attendre que ça passe, en souhaitant que le monstre ait la présence d’esprit de ne pas en remettre une couche tout de suite. Pas de bol, souvent, c’est exactement ce qu’il fait. Si on est deux à ce moment-là, vous remarquerez que l’autre parent semble le sentir. Très souvent, il envoie le moutard sur les roses: laisse ton père tranquille, fous la paix à ta mère un instant. On sent qu’on pourrait le faire et, pourtant, on ne le fait que très rarement. Pourtant, je suis sûr que les occurrences sont très nombreuses. En fait, on ne le fait pas. C’est pas qu’ils ne méritent pas, ces petits cons. Vous savez ce qu’on dit. Petit con deviendra grand con. Pas une grosse perte, en fait. Mais non. On ne le fait pas. Comme si, en fait, on se menaçait soi-même. Que le dialogue n’était pas entre le chieur et vous mais entre vous et vous. Ce serait vous qui auriez envie de sauter, que ça ne m’épaterait qu’à moitié. C’est pour ça qu’on ne le fait pas. On ne saute pas par la fenêtre parce qu’une gamète à peine évoluée fait chier. On est forcément mieux que ça.

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