mardi 12 mai 2009

Trou du cul

Je suis un type grossier. Les trous du cul, les enculés, merde, connard, pouffiasse, je vais pas vous faire un lexique complet, tous ces mots ont en ma bouche un nid amical, sous ma plume un allier, plus, un amoureux. Évidemment, je passe pour un vulgaire absolument infréquentable, en plus d’un pas poli. Les gens comme il faut se pincent le nez. J’en connais même qui ne peuvent concevoir que je me pique de faire partie de la caste des littérateurs avec un langage aussi peu châtié. Comme Mozart, vous savez, qui faisait dire aux musiciens officiels: comment une telle musique peut-elle sortir d’un tel porc? Bon, je dis pas que je suis Mozart, c’est un exemple. Vulgaire, déjà, c’est beaucoup, je vais pas ajouter la grosse tête. Sauf que vulgaire, justement, je ne suis pas. Grossier, je suis. Je vous refais pas la diatribe sur la différence, vous connaissez ça par coeur. Je suis grossier. Ce qui est vulgaire, c’est notre président, avec ses instincts de base, ses désirs de pacotille, son esbroufe. Ça, ma bonne dame, c’est vulgaire. Il est grossier, en plus, c’est vrai. Personne n’est parfait. Moi, je ne crains pas plus les gros mots que les petits. Ce que je crains, ce sont les moyens, de mots, les sans éclat, les insipides, les cul-serré, les manche à balai dans le cul. La vie a des hauts, la vie a des bas. Les montagnes russes, c’est, la vie. Un feu d’artifice. La belle bleue, la belle verte, Boum!... Le langage policé, c’est emmerdant comme le paradis, la ligne toute tracée, l’absence de couleur, de sensations fortes. Si je ne crains pas les mots gros, c’est que je n’ai pas peur qu’ils me compromettent. J’ai de quoi montrer que je tiens la route quand même. Pas comme Mozart, encore un fois. Je prétends pas que lire mes livres aux vaches leur ferait donner plus de lait. Quoique, faudrait essayer avant de conclure. Non, pas un génie. Un qui a de quoi. Et tous ces trous du cul qui les craignent, les gros mots, eux, ils sont simplement pas sûrs du tout de pouvoir éviter que, s’ils les employaient, on les prenne enfin pour ce qu’ils sont.

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